samedi 30 janvier 2010

Une poignée d'hommes s'étaient approchés d'elle. Personne ne s'en était approché depuis longtemps. Leurs pas sur le sol rocailleux polluaient l'air de bruit. Ils étaient pauvres. Le ciel était grand, beau comme il aimait l'être les nuits d'été. Et la lune en son milieu était un gros œuf ayant éparpillé centaines d'étoiles autour d'elle. Rien n'était plus beau que l'univers.
Ils ouvrirent la porte et entrèrent. Les murs étaient tapissés de bougies jaunâtres dégoulinantes de cire, avec juste assez d'espace entre elles pour faire briller de petites perles de feu. Des murs bavait une cire brillante et odorante comme un épais miel, qui venaient aux pieds, attirée par la gourmandise. On leva la tête. Il était là, grand courbant un vieux dos squelettique. Ses cheveux tombaient sur sa nuque en cascade et quelques boucles faisaient de l'ombre à son visage jusqu'à ses lèvres. Ses yeux, bien visibles cependant, étaient fantômes, et grands et transparents, étayaient les fumées et les peuples dans son unique regard. Le Christ régnait en maître doré, cloué par quatre fois.
Rien n'était plus beau que l'univers.
La multitude entrait toujours, et l'on se mit devant lui, même si la cire brûlait l'épiderme. Qu'importe. On rampait, et on pointait de longues mains sèches sur les genoux saillants du Fils. Des pellicules d'or adhéraient aux doigts, signe d'un Dieu poreux, usé par la succession infinie des siècles de l'homme. Tout tournait, hélas. Le temps le premier. La cire coulait encore, et sa couche se faisait plus épaisse, mais ils entraient, par dizaines, les pupilles toutes verticales, pleines de vide, les bouches édentées grandes ouvertes, s'entassant vers lui pour regretter leur existence.
Les gigantesques vitraux multicolores de la porte se brisèrent sous leur peine. Leur audace était trop tardive. La pluie dehors frappait fort sur leurs crânes encapuchonnés, il y avait au sol des miroirs de pluie qui les renvoyait à la chapelle. La cire était devenue brûlante et coulait de plus belle, amaigrissant les bougies, elles recouvraient bientôt leurs chairs pauvres et amères.
Et la mort brillait autour du Christ comme une aura enchanteresse. Lumière.
Rien ne paraissait plus beau que l'univers.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire